

Cimetière des chiens à Asnières, 2022


Série anatomie comparée, 2010-2014
Bizango, musée du Quai Branly 2014

ÉDITO (extrait)
« Feu follet » est ainsi hanté par le XIXe siècle occidental, dont les avancées technologiques (telles que la photographie et le télégraphe) ont souvent été une occasion de se mettre à l’écoute de signes spectraux d’un nouveau type, dans l’espoir de communiquer avec les mort·es.
Tout comme les spectres – ni absents ni tout à fait là, toujours à venir ou à revenir –, les « disparu·es » n’en finissent pas de réapparaitre, celles et ceux qui « nous ont quitté·es » rechignent parfois à vraiment partir. « Feu follet » est ainsi traversé par le besoin incessant de ne pas jeter les fantômes dans le néant, soucieux, comme Chris Marker le formulait, de « s’opposer au travail des pouvoirs qui nous veulent sans mémoire ». L’exigence d’une politique mémorielle ne se limite pas au souvenir, elle est affaire de traces à collecter et à suivre, de présences à inviter et à choyer. La nuit tombe, la veillée débute.



Série autoportraits, 2003-2006

ÉDITO (extrait)
Il y a l’insurrection, l’explosion fantastique, l’éruption du volcan : l’événement. Et puis il y a tout ce qui l’entoure, tout ce qui précède et qui suit, qu’on pourrait ne pas voir, aveuglé·es par son incandescence. C’est ce sur quoi « Terre de feu » s’attarde : la tectonique des plaques, les longues réunions préparatoires, les pollutions insidieuses, les agents dormants, les colères accumulées, les douleurs enfouies, les répercussions intimes, l’épaisseur granuleuse du temps.


ÉDITO
À 4 ans, Jef Klak s’est violemment fait attaquer par un cygne, et à 8 ans, il voulait être vétérinaire. En colo, il découpait les vers de terre et brûlait des fourmis. Jef Klak n’aime pas les zoos, mais elle est bien obligée d’y aller si elle veut voir les girafes et le lamantin. Ça lui a quand même fait quelque chose quand il a dû tuer toute une portée de chatons. Jef Klak ne peut pas avoir de chien dans son appartement, mais des souris vivent dans sa cuisine. ...

Isabelle Gressier
PHOTOGRAPHIES
2009 - 2015
EAN : 9782956022466 ; ISBN : 978-2-9560224-6-6
Edition FemmesPHOTOgraphes

Des enchaînements de sens, des prolongements de désirs, des dépliages de pensées, des séries signifiantes qui insistent, du noir et du blanc. J’ai pris des photos,beaucoup. Parfois constamment quand j’étais ailleurs. Des mots ont jailli et se sont arrimés à ces sortes de visions. Les mots et les photographies se ressemblent, ils se répondent en échos parfois, ils ont les mêmes desseins, souvent. Paroles et images s’unissent pour former une réalité qui est autre.
Des liens au monde se sont créés.
Isabelle Gressier à travers ces quelques images tente quelque chose de simple, montrer le corps comme une entité susceptible d’autre chose que de porter un visage ou d’être le réceptacle d’une personne. Elle s’approche de la peau et en révèle des surfaces irisées jouant à devenir paysage, un paysage de plis d’ondulations et de vibrations. ...
Quand l’image fixe l’instant, la lumière et la matière sont déjà ailleurs et c’est cet « ailleurs » qui donne la vitalité d’instant au réel. Si le réel disparaît, si le sujet n’est plus, le rapport que l’on entretient avec lui est éternel. »










Les lois régissant l’art dans nos sociétés mettent en valeur “l’artiste”, le Un, le seul (rarement, faut-il le rappeler, la Une, la seule...). La course à l’argent et au “succès” favorise cette tradition capitaliste. Il en va de notre responsabilité de dénoncer cette “norme sélective” imposé par l’État. Cette norme est construite par et pour les classes dominantes. Elle privatise l’accès aux savoirs et à la médiatisation.
L’art peut être une forme de résistance parmi d’autres, il l’est d’autant plus s’il est travaillé à plusieurs mains. Les réflexions, la créativité et l’indépendance que nous apporte de travailler à plusieurs sont flagrantes. Nos différences – origine, classe, âge – et notre proximité nous permettent de nous interroger sur nos comportements, sur notre langage et notre écoute au monde, et de rester attentives au racisme structurel et à la xénophobie ambiante. Se confronter à des regards et à des points de vue différents élargit la capacité d’un possible commun et donc d’un possible de l’image, puisqu’elle en est le miroir. ...
Édito Revue FemmesPHOTOgraphes N°7 - Isabelle Gressier




